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Photo du rédacteurEmeline Guerin-Marthe

The North Coast 500 en solo.

Dernière mise à jour : 26 avr.

A la conquête du Nord…


C'est dans une humeur exaltée que je reprends la route au volant de la petite Opel de location. Les locations à Inverness sont beaucoup moins cher qu'à l'aéroport d'Édimbourg, je prends donc cette option.

Il existe des bus direct qui font la liaison en 4 h pour moins de 20€.


Quand je décide de partir seule, c'est souvent sur un coup de tête.


L'Écosse est un pays facilement accessible depuis la France et les vols sont bon marché quand on les choisit hors saison touristique.


La nature est largement dépaysante et les locaux plus que sympathiques.


Je ne m'étendrais pas sur la gastronomie, je ferais ça dans un autre post, contrairement aux idées reçues, on y trouve de très bonnes spécialités et de très bon restaurants.



Direction, Thurso et son auberge de jeunesse où je vais rencontrer mon premier thru-hiker, il traverse l'Angleterre Nord-Sud à pied.

Nous plaisantons sur la nourriture de trek quand je le regarde manger ses plats lyophilisés. Cette rencontre me fait sourire, car dans un mois se sera à mon tour de me propulser sur les chemins de France.

En attendant, cette semaine anticyclonique va me permettre de faire les deux sommets que je convoitais au départ de ce périple.

Ben Loyal et Ben Hope.



Je prends le temps de visiter un peu Thurso au petit matin.

Je retrouve cette ambiance de village de pécheur, les ruelles sentent bon l'air marin et les cris des goélands m'accompagnent. Je croise peu de monde, quelques promeneurs le long de la grande plage avec leur chien et des personnes âgées ayant été faire leur achat du matin. Le centre-ville est bien fourni en petites boutiques de tout genre, je dégotte même une librairie qui sent le vieux papier autant que le vieil Ecossais.

Je me demande si je n'y trouverais pas un exemplaire du fameux Scottish journey . Je lui demande , il me regarde perplexe.

" Wich scottish journey ? there is so many ! "

"Edwin Muir. Please"

" Ho I see, No sorry it's a classic but I don't have it"


Je reprends la route, direction the Kyle of Tongue, un whisky m'y attend.

Sur la route je m'arrête à plusieurs endroits, Sandside Bay Beach pour une petite balade, Drumhollistan pour voir si les puffins sont arrivés, Portskerra un petit lieu-dit bien dans son jus et une banane plus loin, je fais un détour par Skerray bay.

Sans connaitre cet endroit, c'est étrange mais je m'y sens chez moi.

Cette plage de galets et ces falaises me rappellent la Bretagne.



Au pub de Tongue, je m'arrête dire bonjour au grand roux,

LOVING LIFE, LIVING THE DREAM, NOWHERE I'D RATHER BE.

C'est son accroche de scène derrière le comptoir, ironie heureuse d'un homme blasé de servir des bières en attendant un avenir meilleur.

Je grappille des infos sur la rando de Ben Loyal, quelle est le meilleur départ, combien de temps... ect

Deux Whisky plus tard, je reprends le volant direction Altnaharra.

Une chambre d'hôtel m'y attend.

J'aime ces petites routes cahoteuses à sens unique où il faut parfois s'arrêter pour laisser passer des camping-car qui pourraient contenir 2 voitures comme la mienne. Mais en cette période de l'année, c'est plutôt calme !

THE LOST ROAD OF THE FAR NORTH IS MINE.


L'hôtel est chaleureux la moquette est partout, la bible dans le tiroir, les animaux empaillés bien immobiles dans leur vitrine et on me propose de déjeuner le soir : c'est un peu hors budget pour mes moyens. Je m'offre le luxe du chauffage et de la douche mais je vais rester avec mon pain de mie et ma purée instantanée.

Manger ou dormir, il faut choisir !


 

Le lendemain, après un porridge à l'eau et un thé, je décolle pour Ben Loyal.

Je gare la voiture sur le bord de route que l'on m'avait indiqué et part sur le chemin carrossable, la piste se perd assez vite dans la tourbière.


"Chaque motte d’herbe foulée dessinait une nouvelle ouverture.

Marcher aère l’esprit, il rend la paix aux âmes agitées.

Marcher rend l’inspiration aux désenchantées.


Je dessine dans le paysage un passage qui se referme instantanément derrière moi. La forme des buissons de bruyère m’indique le sentier à suivre. Nous avons tracé des chemins, des routes mais en faisant cela nous avons rendus la marche feignante. Le corps inattentif et faible. Retraçant mon propre chemin à travers ce marécage interminable de la vallée qui mène à Ben Loyal, je me surprends à zigzaguer comme une bête. De petits bonds en petit bond, de sursaut en sursaut, je divague et progresse bien plus vite et plus au sec que sur le presque chemin existant. J’en surprends deux perdrix qui s’envolent, gloussant d'indignation.


Surement tout autant que moi de joie.


Je me suis retournée bien souvent sur ce chemin et j’ai contemplé longtemps cette nature vierge, inhabitée pure qui ne se montre sous son meilleur jour que si l’on ose s’y attarder.


Continuant mon ascension de Ben Loyal, face à ces paysages grandioses, je restais sans voix, seule celle de Byron résonnait en moi:


"Never marry someone you're not in love with and never live in a place you're not in love with."


J'étais tombé en amour avec le feu et la bruyère."

Extrait de mon petit journal de voyage.

De retour de la rando, je repasse à Tongue voir mon barman préféré. Je discute un peu avec les locaux et profite de la chaleur du pub, je commande une soupe et des toasts bien mérités. Quelle belle journée !



La rencontre de deux jardiniers qui sont en train de réhabilités les terrains d'un manoir des environs "Tongue House" est d'autant plus intéressante ! Je n'aurais malheureusement pas le temps de leur rendre visite à Inverness au retour pourtant j'ai adoré parler botanique et plantes avec eux.



Depuis quelques années, l'Écosse a entamé un plan de reforestation de son territoire avec des espèces endémiques, mais les magnifiques cerfs un peu trop présent dans les Highlands sont parfois un problème. Je n'en ai pas croisé beaucoup sur ce trajet. En parlant un peu écologie, j'apprends aussi qu'une île Écossaise Eigg a été racheté par ces habitants et depuis est totalement autonome en énergie.



L'Écosse recèle tant de lieux à découvrir !


Le lendemain, je rejoins mon hôte pour une visite du voisinage et nourrissage des agneaux, chouette moment dans une ferme locale qui menace de se faire racheter et expulser par un promoteur immobilier peu scrupuleux.

Même perdus dans le grand Nord, les fermiers ne sont pas tranquilles.

Et les terrains se vendent à des prix si exorbitants qu'ils ne peuvent les racheter.


 

Absorbée par le village et ses habitants, j'en oublierai presque que Ben Hope m'attend !

Après une bonne nuit, je prends la route direction le départ de la rando.

Tôt, le matin, il n'y a pas grand monde 3 voitures sur le parking un Van.

Ce ne sera pas la même au retour. On est déjà samedi !

J'entame sereinement les 927 m de ce Munro.

C'est le plus septentrional, isolé sur ces landes de tourbes, le roi du comté.

L'ascension commence en suivant la cascade et continue dans une pente herbeuse pour se terminer dans un pierrier. Une fois atteins les pentes dégagées, le vent se fait ressentir, je me gèle !

Grimpons plus vite ! En 2 h 30, je suis au sommet, la vue 360° est incroyable.



Je redescends en courant sous les regards étonnés des promeneurs du Week-end.

De retour au pub, revigoré par l'ascension, je commande un petit remontant au comptoir. Deux welshs en vadrouille m'accostent et nous finissons à rire à la même table en racontant nos " travellers's shenanigans".

Ils parcourent aussi la NC 500, mais à moto. Nous parlons aussi mécanique et réparation de vieilles voitures. 


 

Échange de bon procédé pour deux nuits au chaud, j'aide mon hôte à débroussailler une vieille ruine, nous y trouvons une bonne collection de crâne, bovin et ovins. Nous allons ensuite faire des ricochets à Skerray Beach avant de manger au restaurant de Bethyhill. A posh place où les gens nous regarde un peu de travers nous les deux crotteux du coin. Qu'importe moi, j'adore ce moment.

"There's nowhere I'd rather be"

Nous regardons le soleil se coucher sur la plage de Torrisdale.

Demain, je reprends la route !



The Kyle of Tongue aura laisser un souvenir inaltérable dans mon esprit.

Un endroit d'éternité.

 

Mon exploration continue pourtant et n'est pas au bout de ses surprises. Je roule en direction de Durness sous un soleil de plomb, ce qui me surprend pour ce mois d'avril ! Même la radio écossaise en fait un sujet d'actualité, une canicule de printemps : ça promet un été spectaculaire !

Les paysages perdent leurs aspects dramatiques et se transforment en vastes étendues de bruyère brune croustillante, les patchs d'herbes sèches mettant un peu de variation dorée sur ces landes désertiques.



Le long de la route, je m'extasie de toutes ces plages et de ces criques de pirates sous ce soleil radieux. Je prends des détours sur les petites routes pour en voir le plus possible ! La petite route de Richonich à Sheigra est une étape du fameux Cape Wrath Trail et est franchement à couper le souffle.

J'aperçois quelques sacs à dos sur pattes.

À Scourie Bay, la RSPB a aménagé un observatoire pour la faune avicole. On peut se poser un moment et observer les espèces de la baie : mouettes, goélands, plongeon, huîtrier et pourquoi pas des loutres si vous êtes chanceux.

La côte ouest fourmille de trésor et sous le ciel bleu, on se croirait dans les caraïbes, les eaux turquoise et les plages de sable fins nous surprennent. Les falaises et leur mouton nous rappellent pourtant que nous sommes bien ici sur la vieille Europe.

Je conseille pour ceux qui ont le temps, après Unapool, de prendre la petite route étroite qui longe la côte en direction de Drumbeg plutôt que de rester sur l'axe principal. Il sera ainsi possible de voir Old Man of Stoer et le phare associé moyennant une petite marche.

Attention cependant aux cyclistes présent sur cette portion, la route étant plutôt étroite


Ce voyage prend fin sur Achmelvich bay et sa plage incroyable.

J'assiste à un feu de tourbière qui brûle depuis deux jours, départ d'incendie involontaire, la chaleur et sècheresse ambiante ne permettant pas de le stopper.

L'auberge de jeunesse est absolument géniale et accueillante, mais ne pas s'attendre à avoir du réseau pour partager ce moment avec vos followers !

C'est un endroit préservé de cette futilité, prenez plutôt un bon livre et allez observer les phoques qui s'amusent dans la baie.

Face à ce dernier coucher de soleil, je m'aperçois encore une fois que l'Ecosse à volé mon cœur.


 

Le retour se fait en descendant sur Lochniver, je tombe nez à nez avec le Suilven!

Une des montagnes les plus atypique de la région des Assynts et Coigach.

Décidément, je n'ai pas fini de replanifier des voyages en Ecosse.

Retour un peu express sur Inverness le dernier jour, car j'ai quand même un peu trop traîner sur Tongue. Je passe rapidement Ulapool qui m'offre un décor incroyable: cet endroit sera définitivement à explorer plus en détail la prochaine fois.

Je trace sur l'A835 pour rendre la voiture à temps. Je prendrais ensuite un bus pour Dundee où je vais faire coucou au gens de l'auberge de jeunesse et ensuite repartir sur Edimbourg où le vol de retour me ramène en France.

 

This is the end my friend

 

Petit bilan en chiffre:

10 jours

1200 km

Logements

Gasoil

Food/drinks/souvenirs

Transports

Total

267

150

140

198

755€


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