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Photo du rédacteurEmeline Guerin-Marthe

6 jours sur l'Hebridean Way en vélo.

Dernière mise à jour : 2 mai



L'idée de retourner en Ecosse me trottait en tête depuis l'année dernière, les aventures ne manquant pas dans ce pays, je m'étais enfin décidée à réaliser mon premier trip à vélo.

Il me fallait commencer par revoir certains point d'organisation . Pour les ballade à pied j'étais rodée mais pour le vélo c'était le néant! Je n'en fait jamais.


La destination des Iles Hébrides extérieurs c'est alors imposée car c'est une partie d'Ecosse que je n'avais pas encore explorée, des terres pittoresques à l'extrémité ouest du royaume uni. Riche en histoire avec de nombreux vestiges gaéliques et celtes, une faune et flore aussi très variées, il n'en fallait pas plus pour me convaincre. Les dénivelés pour un premier vélo trip ne sont pas trop important. Les grandes plages de sables blanc et les collines donneront de la motivation pour avancer.


Matériel:

Un cuissard pour ne pas souffrir des fesses semblait le premier investissement logique.

Des sacoches pour le transport du matériel, mon choix c'est porté sur des Ortlieb valeur sure.

Un casque pour la sécurité.

Pour l'élément principal: le vélo , j'ai fait le choix de louer sur place. Oban Cycle, magasin de vélo à Oban nous a fourni deux vélos qui ont roulé la semaine sans aucun soucis la selle est confortable et un kit de réparation est fournis.

Le reste du matériel consiste en un set de bivouac et habit de rechange.

N'étant pas compliqué sur cet archipel je ne m'en suis pas trop soucié, des panneaux indicatifs sont présent tout le long indiquant le circuit à suivre. On peut trouver utile d'avoir une carte quand même au cas ou l'envie d'aller explorer des routes alternatives nous prenne.

De mon coté le téléphone et google map auront été largement suffisant car le réseau est bien présent.

La fenêtre météo quand à elle était plus préoccupante 5 jours de temps correct avec la tempête Pierrick qui arrivait et les rafales de vent à 110km/h , il ne faudrait donc pas trop trainer.

La location de vélo étant prise pour 9 jours nous étions large mais je ne tenais absolument pas à me faire rincer et pédaler dans la choucroute , cela aurait rendu l'expérience bien désagréable.

Pour loger sur l'ile on peut compter sur les auberges de jeunesse de Stornoway le HEB hostel, de loin une des plus sympathique que j'ai faite en Ecosse et celle le long du trajet à Berneray, Howmore et Rhenigidale, et Ravenspoint. Plus la toile de tente, qui dépanne et permet une plus grande liberté. A noter que les auberges de jeunesse ouvrent à partir du 1er avril. Etant partis du 29 au 10 avril, nous arrivions pile sur leur première semaine d'ouverture.

Le ravitaillement en nourriture se fait naturellement au fil des magasins et des coffee shop croisés et en cas d'urgence, on trouve toujours une Honesty box pour remonter le taux de glycémie.

Coté hygiène, si on ne veut pas s'aventurer dans les coffee shop pour laver ses slips. Dans les capitaineries ou les Community center des villages, se trouve des douches, des toilettes et de quoi recharger les batteries du matériel électronique.

CalMac Ferries est la société qui nous transportera de Oban à Castelbay et assure aussi la liaison pour passer entre les iles, je n'avais pas réservé à l'avance car hors-saison les bateaux sont rarement plein, pour les plus prévoyant cela reste possible de le faire via leur site.

Une fois atterri à Edimbourg, il n'y a plus qu'à ! Nous prenons le train direction Oban où nos vélos nous attendent déjà et direction les iles. Il faut compter 4h de traversée donc nous arrivons au coucher du soleil et nous avons juste le temps de rejoindre le sud de Barra et le départ avant que la nuit ne tombe.



Jour 1


Vatersay ile de Barra à Ardheisker , départ au lever du soleil, les vaches ont disparu des dunes pour laisser place aux lapins qui gambadent. Criques de pirates et carlingue d’avion cohabitent avec les casiers à homard. Nous traversons ce décor insulaire les cheveux aux vent et la larme à l’oeil. L’air marin combiné au froid ont un effet de Sterimar efficace, mes sinus se vident plus vite que ma bouteille d’eau. Je perds Pierre et roule en bonne partie solo après le premier ferry qui nous fait passer sur l’île d’Uist, majoritairement plate, j’enchaîne les miles, pause pour recharger le téléphone et le taux de glycémie à coup de cheesecake au musée des îles Hébrides. Ce dernier évoque les expatriations massives qui ont eut lieu vers le Canada. Mon objectif du jour étant la visite de la smoke house je continue au nord pour arriver avant la fermeture.


Au détour d’une pause, Tom un anglais rencontré sur le ferry me rejoint. Encore un habitué des trips déconnexion autonomie et aventure, nous discutons de nos expériences et de nos vies jusqu’à la Smoke house.


C’est en fait le premier jour d’ouverture me dit la vendeuse en veste de tweed vert et ils ne font pas de visite. Bien ! Dommage .Nous nous sentons obligés de lui prendre quelque chose devant son air dubitatif mais un peu sévère, je repars au moins avec mon repas du soir. Un peu de saumon fumé.


Nous repartons, blaguons sur les marécages écossais et essayons de trouver le meilleur spot pour planter notre campement du soir. Nous avons passé les 110km c’est suffisant pour aujourd’hui. Prenons maintenant le temps de se geler en mangeant nos tortillas au saumon et en attendant Pierre.




Jour 2


Ardheisker à Tarbert 72km , nous nous réveillons avec le chant des vanneaux huppés qui ne sont pas avares de leurs vocalises étranges « coo-wee-ip » . La routine du démontage de tente se fait plus rapide et le pop pshhhh familier du matelas gonflable me rappelle avec nostalgie les bivouacs de l’été dernier.


Nous séparons notre trio de la nuit et reprenons la route en duo au son du cliquetis régulier du shinamo. Montées, descentes, remontées, redescentes, passing place et faux plat, le brise jambes écossais continue de challenger nos ischio-jambiers fatigués de la vieille. Les paysages côtiers de Uist-Nord nous font oublier la douleur. Je me régale de la côte comme de leurs occupants à plumes. Bernaches nonettes, vanneaux, huîtriers, courlis, gravelots, bécasseau et chevaliers gambette, sterne et eider font de Balranald une réserve idéale pour un séjour ornithologique. Le long de la route des envolées d’oies sauvages et devant nous les tariers pâtres s’échappent dans les buissons.


Nous retrouvons Tom et d’autres cyclistes au ferry qui nous emmène sur l’île de Harris. Je profite de cette heure de pause pour recharger les batteries et l’estomac. J’avais espéré une douche à la capitainerie, mais des toilettes, c’est déjà le saint Graal. La douche attendra.


Débarquement sur Harris, les paysages qui nous attendent nous mettent du bleu aux yeux. Que nous sommes chanceux de pouvoir profiter de cette mer aux eaux turquoise et des plages de sable fin qui ferait rougir les caraïbes si la météo écossaise se décidait un jour à enfiler son costume de soleil plus de 4 jours d’affilée. Et de ces dégradés de bruns et reflets dorés que nous offrent les herbes sèches de la fin d’hiver.


Nous traînons péniblement nos allonges-gambettes jusqu’à Tarbert pour le soir.



Jour 3


Tarbert à Ravenspoint, la journée commence avec un scottish breakfast, il en fallait un dans ce périple. Panse remplie et 4 kg de gras dans chaque jambe nous reprenons nos pédalages. Ce sera une journée sans. 340 m de dénivelé se dresse devant nous avec un vent de face tout du long. Même les descentes se font à la force des mollets.


L’inertie étant quasi-nulle avec le poids que je traîne dans les sacoches. La progression devient quelques peu désagréable malgré des paysages magnifiques..


Tom croisé à Tarbert le matin nous dépasse rapidement. Dans la montée, plus de jambes, je descends de vélo et pousse. Nous y rencontrons Alistair et ses moutons. Un petit point météo et discussion sur les moutons qui se sont perdus dans les collines environnantes. Il doit rassembler sa centaine de bêtes dispersées sur plusieurs montagnes. Je le prends en photo et il me note son adresse pour que je lui envoie.


Nous nous saluons et enfourchons nos bicyclettes pour continuer à contrevent comme des damnés. Nous traversons landes et loch sans voir grand monde hormis des voitures qui nous dépassent sans un signe, je m’étais habituée à être saluée chaleureusement à chaque croisements sur les îles d’Uist et Barra. Harris et Lewis est beaucoup plus grande que les deux précédentes : transition de météo et d’accueil qui influence la poussée sur les pédales.


Nous poussons péniblement jusqu’à 43 km, 2h30 dit google, 6h effectives pour nous.


Face à l’évidente lenteur du jour , nous décidons de stopper à Ravenspoint au lieu de continuer jusqu‘à Callanish. A la niche les vélos! ça suffit ! Après tout rien ne presse sauf la fenêtre météo. Les mystérieuses pierres levées seront encore là demain.


Jour 4


Ravenspoint à Gearrannan 53 km

Réveil désenchanté à la vue des arbres qui se font secouer les branches et les passereaux qui font du surplace en essayant vainement d’atteindre le jardin du voisin. Sur les étendoirs aucun pantalons ni aucune chaussettes n’ont osés s’aventurer. Il nous faut quand même sortir le nez dehors et pédaler le plus loin possible aujourd’hui. Plus que deux jours avant la tempête. Pour le départ, le vent dans le dos me donne de l’espoir sur le timming à tenir. Mais une fois passé de l’autre côté de la baie, c’est à nouveau la soupe à la grimace et les crampes aux cuisses. A Kinloch, j’attends Pierre qui commence déjà à pousser sa monture. Je décide de séparer nos chemins. Sur Lewis difficile de se perdre. Je trace direction Callanish et ses mystérieux menhirs du néolithiques. Une fois la bifurcation prise le vent pousse à nouveau dans la bonne direction. Une grande ligne droite où les honesty box fleurissent et où je m’allège de quelques penny en faisant le stock de gâteau.


Callanish survivant d’une culture mégalithique qui s’étendait sur plusieurs siècles: parfois appelées le « Stonehenge des Hébrides » fait partie des ces milliers de cercles de pierres qui s’étendait sur toute la longueur des îles britanniques.

Brodgar , Castlerigg, Rollright datent de la même époque préhistorique. L’éloignement du site ajoute à son romantisme. Le décor de la baie, les montagnes dans le fond sortent tout droit d’un roman de Tolkien.

En approchant à travers les landes , les pierres apparaissent en silhouette le long de la crête. Debout parmi elles, je prend conscience l’ampleur du site.

Il ne fait guère de doute que le soleil et surtout la lune ont joué un rôle dans les drames anciens qui se sont déroulés ici.

Vu du ciel, sa forme évoque une croix celtique mais la légende raconte que St Kieran a littéralement pétrifié des géants païens qui se réunissaient pour s’opposer au christianisme.

J' erre sous le regard de ces géants en marmonnant pour qui voudra bien entendre avant d’aller chercher un sandwich et une bonne soupe chaude au centre des visiteurs.

Je roule jusqu’à Carloway, le froid devient mordant et le vent Nord-Est plein face me clou sur place.

Sur la route qui mène à Gearrannan un jardin me fait m’arrêter net. Les jonquilles et jacinthes fleurissent les parterres et le Blue Pig Studio m’accueille. Jane Harlington me demande si je veux un thé et m’assoir 5 min . Je dois vraiment avoir l’air frigorifié.

Sans trop hésiter je lui demande si elle connaît un endroit où je peux passer la nuit. Et à ma grande surprise elle me dit que son mari Peter pourra me préparer un lit sans problème. Quel soulagement de savoir que je vais passer la nuit au chaud! Elle m’envoie quand même vérifier à Gearrannan si il n’y a pas un lit de dispo. Malheureusement je sais qu’ils sont complet. Le week-end de Pâques attire toujours un nombre imprévisible de touristes. J’en profite pour visiter ce village médiéval datant de l’âge de bronze qui a réussi à perdurer jusqu’à aujourd’hui transformé en auberge. Le musée abrite une machine à filler le tweed et je tombe nez à nez avec le mécanicien et l’historien Ian Macdonald qui m’explique comment cette machine à révolutionner l’histoire du fameux lainage et de la mode anglaise. 30 min d’histoire passionnante plus tard je retourne chez Jane qui bien contente de me revoir se plie en quatre pour me mettre à l’aise. Sortir de sa zone de confort et demander l’hospitalité c’était un bon jour pour le faire. Et les étoiles devaient être alignés car Jane et Peter sont les beaux parents de Mathilde une française que je devais contacter avant de venir sur l’île. Il me tombe donc du ciel un rdv avec Mathilde, un lit, et un endroit magnifique pour trouver l’inspiration dans cet atelier d’artiste. La vie et ces incroyables hasards.



Jour 5/6


Carloway - Butt of Lewis

Au petit matin, je quitte mes hôtes qui ne sont pas encore levés. Le vent lui par contre ferait décoller les pierres. La traversée du marais des morts m’attend. La route est droite mais la bicyclette oscille entre les deux bords sous la force éolienne. Les moutons s’enfuient à mon approche. Quelle sauvagerie barbare à deux roues peut bien être aussi lente? Suspicion dans leurs yeux de diables en coton.

4h de bataille acharnée et 15 mouchoirs usagés viennent à bout de cette matinée.

A Stornoway, je commande une soupe brulante, anesthésiée par le froid je ne ressens plus grand chose. Les lèvres gercées et le dessous du nez pelé par l’usage intensif des mouchoirs, il me faudra bien de la vaseline pour rattraper ça. Les serveurs me regarde avec compassion et sourire bienveillants.

Je me dirige vers le Hebhostel. Je saute sous la douche et n’en ressortirai qu’à la condition d’être bouillie vivante. Mes extrémités finissent par passer du blanc violacé mortuaire au rouge écrevisse.

Une après-midi à greloter sous la couette, Christine m’apporte un thé. Les Hébrides ne sont pas les îles les plus hospitalières du monde mais leur population est de loin la plus chaleureuse que j’ai rencontré jusqu’à présent.


Le lendemain, nous prenons le bus jusqu’au cul de l’île avec mes voisines de chambre. Dernière chance avant que le temps ne tourne à la flotte.

Cette partie de l’île est étonnement peuplée!

Eoropaidh, Cóig Peighinnean, Habost, Adabroc, Eorodale forment des petits hameaux de maisons grises rapprochés les uns des autres. Dans les jardins se mêlent épaves de véhicules et matériaux en tout genres. Sur l’île difficile de rapatrier les carcasses alors tout se réutilise, se détourne ou reste sur place à servir de nichoir pour les goélands. Les habitations actuelles sont souvent construites à côté de l’ancienne. J’observe avec intérêt ces ruines qui témoignent d’un autre temps où les crofters n’avaient sûrement pas accès à l’électricité. Une chose n’a pas changé par contre c’est le chauffage à la tourbe. Chaque maison fait son petit monticule de briques noires devant le garage et l’odeur de terre brûlée accompagne le vent.

Je m’installe sur un rocher pour prendre quelques photos de la mer qui se déchaîne.

Une vague me rince proprement, une douche salé en guise de trophée.

Le voyage à vélo prend fin ici face à la mer . Direction Nord-Est en suivant le vent, ce sont les îles Shetland d’où les vikings ont dû débarqués, il y a fort longtemps. D’autres terres, d’autres histoires.



Hébrides extérieurs - topo fin


Cet archipel, situé à l’ouest de l’Écosse, est bercé par les ressacs de l’océan Atlantique. C’est un condensé du main land dont on ne se lasse pas. L’île de Barra qui nous accueille en premier est la plus petite, mais pas la plus plate ! L’île de South Uist · L’île de North Uist et de Benbecula regorgent de petits trésors du néolithiques et la biodiversité y est riche, on peut être surprit de voir le nombre d’églises au km2, mais l’île témoigne d’une culture religieuse encore bien présente. Celui qui fera sa lessive le dimanche se verra sermonner à la prochaine office. Lewis et Harris : les paysages me parlent au cœur, et soulèvent un ressenti de joie que je n’avais pas eu depuis mon retour du trek. Cette sensation d’être à ma place dans le mouvement du vent omniprésent ici. Les plages de sable blanc, les pentes du Clisham et les rochers des plages où je m’amuse à trouver milles et une image. Ces roches sont ce qu’on appelle des gneiss, caractérisés par une alternance de bandes claires et foncées. Les bandes les plus pâles sont généralement de couleur gris pâle à rose et sont constituées de cristaux de quartz et de feldspath, tandis que les bandes les plus foncées sont de couleur vert foncé à noire et sont en grande partie constituées de minéraux appelés amphiboles. Parmi les plus vieux cailloux d’Europe, je me sens extrêmement chanceuse de pouvoir y passer quelques heures les pieds dans les algues en écoutant les huîtriers siffler. Mes derniers jours sur les Hébrides s’achèvent et je sais déjà que j’y reviendrai. Les belles rencontres que j’y ai faites m’ont remplie d’énergie positive pour continuer de nouveaux projets.















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